samedi 9 octobre 2010

La féminisation de la grammaire française

Au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes en France, nous assistons de plus en plus à l'apparition de néologismes (noms de métiers, grades, titres, fonctions...) et de modifications des règles de grammaire concernant l'accord du genre dans la langue française.

Que disent aujourd'hui les règles de grammaire dans ce domaine ?

Qu'est-ce qui est toléré et qu'est-ce qui est réellement une faute dans l'usage courant de la langue française ?

Enfin, qu'apporte vraiment la féminisation de notre grammaire à notre langue ?

Pour tout dire, ce mouvement de féminisation de la langue française remonte à 1984 lorsque le gouvernement de l'époque a décidé de marquer le féminin dans des domaines qui lui paraissait légitime dans la mesure où il s'agissait de coller à une certaine réalité dans l'évolution des moeurs de notre société.

Ainsi, et contre l'avis de l'Académie française, un certain nombre de néologismes sont apparus, notamment dans la dénomination de certains métiers. Rapidement, ce phénomène s'est étendu à l'ensemble de la grammaire concernée par les règles sur les accords des genres.

Et pourtant, l'Académie française, restant l'institution garante du bon emploi de notre langue (depuis 1635), n'a jamais officiellement admis ces nouvelles règles issues avant tout d'une décision politique, les tolérant simplement dans la mesure où elles peuvent apporter une distinction indispensable dans une phrase entre le masculin et le féminin.

Aussi, sachez que la règle qui prévaut en la matière est celle du masculin pluriel en cas d'ambiguïté. Donc on ne peut pas écrire par exemple : "la maîtresse et son assistant sont venu(e)s. Ou encore : "La chienne et son chiot sont mignon(ne)s". Et même : "l'assiette et le couteau sont blanc(he)s". On doit respecter dans ces cas là le masculin pluriel.

On doit aussi éviter de designer à la fois le masculin et le féminin lorsqu'on désigne un groupe : "Toutes celles et tous ceux, les animateurs et animatrices..." (même et surtout avec un / : animateurs/trices). Cela reste toléré, mais une tolérance qui a un sens et qui ne doit pas alourdir, voire rendre illisible une phrase.

Enfin, en ce qui concerne les noms de métiers (là, on voit vraiment de tout, et surtout des barbarismes qui n'apportent que de la confusion), les seuls féminins qu'il convient de respecter proviennent de comparatifs latins en -or dont les terminaisons sont en -eure : supérieure, majeure... et surtout pas de auteure, professeure, ingénieure... qui ne proviennent pas de comparatifs latins en -or. Ainsi, le masculin doit être respecté dans ces cas là, non dans un désir de dominer le féminin, mais bien dans le but de rester neutre (évitons aussi les néologismes écrivaine, autrice... qui font plus mal aux oreilles qu'autre chose).

Il faut donc bien réfléchir lorsqu'on veut féminiser une phrase, si on sert vraiment la cause de l'égalité entre les hommes et les femmes ou si au contraire on ne crée pas une ségrégation là où il n'y en avait pas.

Jusqu'à présent, toutes les études menées à ce sujet n'ont jamais prouvé que la féminisation systématique, voire irréfléchie de notre grammaire ait pu apporter un vrai progrès pour l'égalité hommes/femmes.

Et vous, qu'en pensez-vous ?